06/02/2014

Ariège-Argentine : Les pirates

Août 2013
Sujet 4 : Les pirates
Dessin : Olivier Tenedor

– Debout les pantins ! Tous sur le pont ! Et qu'ça cogne !
– A l'attaque ! Droit devant ! Hissez la grand' voile ! Ça va faire mal !
– C'est nous les cowboys de la mer !
– Les vaillants guerriers ! les possédés ! les sataniques de l'immensité !
– Les démoniaques ! C'est nous les pirates !
– La mort est à vos trousses !
– Le drapeau noir est d'sorti, c'est nous que v'là !
– Ohé ! du bateau ! Vous finirez le bec dans l'eau !
– Quand on nous croise, on s'en remet pas, y'a que l'autre con sur sa croix qui n'a pas fini noyé !
– Ah ! Ah ! Ah ! Vous êtes tous morts et personne ne vous retrouvera !
– Le couteau entre les dents les gars !
– Une pâtée pour requins, voilà tout ce que vous méritez !
– Z'allez voir c'que vous z'allez voir !
– Vous en...ten...drez...bien...tôt...tff...tff...Oh ! et puis merde ! A quoi ça sert cette comédie ?
Le capitaine s'était assis sur la dunette, les coudes sur les genoux, les mains sur son front.
– Cap'taine ! C'est pour not' bien, vous avez dit. Pour pas qu'on oublie.
– Bah oui cap'taine, il faut bien qu'on répète, sinon le jour où on verra un vrai vaisseau on saura pas quoi faire. C'est vous qui nous avez dit ça, et nous, on vous croit cap'taine.
– Oui mais je ne suis plus bon à rien, vous feriez mieux de me jeter à l'eau.
– On peut pas faire ça cap'taine, c'est contraire à la dontologie.
– La déontologie, plancton !
– Bah vous voyez, z'avez toujours un truc à nous apprendre, cap'taine.
– Oui enfin, à quoi ça sert la littérature dans une mer en furie ?
– Bah, on est quand même au beau milieu d'un livre, cap'taine.
– Oui et bien justement, si l'auteur veut nous faire mourir, on mourra, répétition générale ou pas.
Cette dernière phrase les avait tous minés. Ils n'y avaient jamais pensé. Les pirates s'étaient épuisés à gueuler ainsi à contre-courant. Le vaisseau n'était qu'un mirage. Ils avaient abusé du rhum arrangé. Cent trente-cinq jours sans voir la terre et sans manger la moindre sardine. Il leur fallu tout de même repêcher le moussaillon qui s'était pris pour Moby Dick. Ils l'ont couché sur le pont, encore tout émoustillé de ces rêves à la con.
Fin de l'histoire.
Hic !

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