14/03/2013

Contre la musicalité en toute chose

     Les artistes s'échinent à vouloir expliquer leur art par un autre art. Et c'est ainsi que nous nous retrouvons avec des rimes plastiques, des tableaux en guise de descriptions et des symphonies de toutes les couleurs. Mais tout en donnant l'illusion de s'ouvrir aux autres arts, ils ne font que les cloisonner en démontrant, le plus habilement possible, que le leur est meilleur que les autres. Emprunter un lexique étranger pour élever sa propre discipline tout en brocardant le milieu d'origine du lexique en question, c'est ce qu'on appelle en politique de l'opportunisme. Cependant, le lexique est bien incapable de toute trahison. Merci aux artistes de veiller à ne pas maltraiter le lexique. Bien que l'Autre et l'Ailleurs sont toujours sources de richesses, je crois que toute extraction de la sorte (même avec les meilleures intentions) est vouée à l'échec. D'autant plus qu'elle est bien souvent prétexte à un jeu de mots, sans qu'il n'y ait de réelles pensées analogiques derrière tout ça. D'ailleurs, il n'y a pas d'arrière, juste une surface, à la manière des Façadistes bruxellois.
     Lorsque l'on demandait à Nijinski ce qu'il exprimait avec sa danse, il répondait que s'il avait pu l'exprimer autrement, il se serait passé de danser.

Cela vaut aussi pour les critiques.