Ce soir

Un dernier regard par-dessus l'épaule avant de passer l'année.
C'était à l'espace Athéna à Bruxelles, en novembre 2008, avec le collectif éphémère et majoritairement belge "Pour Quoi Faire Productions", pour le spectacle "Parce Que Because". La chanson s'appelle "Ce Soir" et j'étais accompagnée par Erno au piano et Ivan Tirtiaux à la guitare électrique.

Vous trouverez Ivan par ici : Son Facebook (parce qu'il est jeune et branché)
et Erno par là : Son site (parce que...non rien)

Autumn Leaves

Parce que je ne m'en lasse pas
Parce que bientôt l'hiver
Parce que passé les brumes le soleil sur les cimes
Parce que la trompette de Chet...

...et Paul Desmond tout de même !

A tête vacante rien d'impossible

Se laisser de l'air, plus facile qu'à faire

L'oisiveté peine à entrer

Le temps c'est de l'or quand il dort

L'été méditerranéen

Des poèmes sous les chaussures vienne l'automne jusque dans les ratures.

Au fond des cartons, le temps qui passe

Ah ! la jeunesse

Ou de la pertinence de dire à un jeune qu'il est jeune.

Il est vrai que vous êtes sans nul doute un poète

Toutefois pardonnez votre encre est périmée

Il serait fort navrant d'avoir le style tremblant

C'est certain qu'à vingt ans on est encore vaillant

Je vous défie d'y voir de votre préhistoire

Une quelconque imposture voyez-vous les ratures

Permettez je vous prie que j'emprunte votre vie

Que je puisse faire fortune de vos récits posthumes

Faudrait-il oublier et renaître à côté

Je crains de ne pouvoir m'abreuver sans rien boire

Fallait-il que je naisse sans aucune maladresse

J'aurais fait belle prouesse, ah ! la jeunesse.

Un pied devant l'autre

Et puis je me suis remise à faire des chansons...Comme on fait ses lacets, pour ne pas tomber. Mais peut-être plus encore parce qu'on ne sait jamais quoi faire de ces deux bouts de ficelles accrochés qu'on ne peut tout de même pas se résoudre à jeter.

Lectures croisées

"La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire" 

Flaubert, Madame Bovary

"Tout n'est pas dit, tout n'aime pas être dit, tout ne peut être dit." 

Kenneth White, L'esprit nomade

 

"C'était la voix de la duchesse de ***. ̶ Je ne lèverai pas son masque d'astérisques"

Barbey d'Aurevilly, "Le Plus Bel Amour de Don Juan" in Les Diaboliques

"Mais le nom importe peu, ce qui importe, c'est l'espace qu'on ouvre"

 Kenneth White, L'esprit nomade

 

"Le camion n'est plus qu'un point. Je suis seul. Les montagnes m'apparaissent plus sévères. Le paysage se révèle, intense. Le pays me saute au visage. C'est fou ce que l'homme accapare l'attention de l'homme. La présence des autres affadit le monde. La solitude est cette conquête qui vous rend jouissance des choses."

Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie

"Notre temps manque singulièrement d'espace et de respiration. [...] L'esprit étouffe."

 Kenneth White, L'esprit nomade

"Car l'univers me déborde" 

Blaise Cendrars, Prose du Transsibérien

 

"Tous les matins on met les montres à l'heure 

 Le train avance et le soleil retarde" 

 Blaise Cendrars, Prose du Transsibérien
  
« "- Il faut avoir soin de remettre votre montre au midi de chaque pays. 
 - Moi ! toucher à ma montre ! s'écria Passepartout, jamais !
 - Eh bien, elle ne sera plus d'accord avec le soleil.
 - Tant pis pour le soleil, monsieur ! C'est lui qui aura tort !"
 Et le brave garçon remit sa montre dans son gousset avec un geste superbe. »
Jules Verne, Le Tour du monde en quatre-vingts jours

 

Especial joke

Il y a deux sortes de gens : ceux qui ne savent pas où se trouve la Creuse et ceux qui y vivent ou qui s'en sont sortis. En fait ça fait trois, mais les Creusois, ne sachant pas compter, ne devraient pas s'en offusquer.

Ivan Tirtiaux - Charlatan

Un ancien camarade chansonnier qui continue à faire de jolies choses et qui a besoin de soutien pour sortir son album (par ici : kisskissbankbank.com).
Deux bonnes raisons de vous montrer ceci :

Déménager

Relire La Nausée au Havre et lire Un homme d'Ouessant à Ouessant.
Se donner le luxe d'habiter les livres que l'on lit.

L'Heure Bleue

Mille milliards de baignoires

Lou de mer se rigole

Dans son lit-nomade

Aux accents espagnols.

Contre la musicalité en toute chose

     Les artistes s'échinent à vouloir expliquer leur art par un autre art. Et c'est ainsi que nous nous retrouvons avec des rimes plastiques, des tableaux en guise de descriptions et des symphonies de toutes les couleurs. Mais tout en donnant l'illusion de s'ouvrir aux autres arts, ils ne font que les cloisonner en démontrant, le plus habilement possible, que le leur est meilleur que les autres. Emprunter un lexique étranger pour élever sa propre discipline tout en brocardant le milieu d'origine du lexique en question, c'est ce qu'on appelle en politique de l'opportunisme. Cependant, le lexique est bien incapable de toute trahison. Merci aux artistes de veiller à ne pas maltraiter le lexique. Bien que l'Autre et l'Ailleurs sont toujours sources de richesses, je crois que toute extraction de la sorte (même avec les meilleures intentions) est vouée à l'échec. D'autant plus qu'elle est bien souvent prétexte à un jeu de mots, sans qu'il n'y ait de réelles pensées analogiques derrière tout ça. D'ailleurs, il n'y a pas d'arrière, juste une surface, à la manière des Façadistes bruxellois.
     Lorsque l'on demandait à Nijinski ce qu'il exprimait avec sa danse, il répondait que s'il avait pu l'exprimer autrement, il se serait passé de danser.

Cela vaut aussi pour les critiques.

Où sont les auteurs lorsqu'ils ne sont pas morts ?

Le nom propre imprimé a un côté pierre tombale. Dès lors que l'on lit un nom propre — sur un livre imprimé j'entends, les journaux sont à peine lisibles — on s'imagine la personne morte ; cette inscription la canoniserait même un peu. Apprendre qu'un auteur est vivant est toujours surprenant. Ne lirions-nous pas trop d'auteurs morts ? Il s'agirait peut-être de dépoussiérer nos étagères.